Vices et vertus

Les 7 vertus et les 7 péchés catholiques capitaux, dont la liste a été fixée par Saint-Augustin (Wikipédia) me fascinent complètement, parce qu’il déclare que tous les vices et toutes les vertus découlent de cette liste, comme toutes les couleurs sont un mélange de 3 couleurs primaires.

D’un côté, c’est une liste qui fut utilisée contre des innocents, par exemple pour fustiger la masturbation, ou le fait de désirer autrui. On connaît la tradition culpabilisatrice des religions du livre… Tant et si bien qu’elles sclérosent encore le cœur de beaucoup de religieux.

Mais elle n’est pas à jeter àmha… En relisant attentivement certains écrits catholiques, dont une sublime poésie de St François d’Assise appelée Salut aux vertus, je me suis rendu compte qu’il y avait un énorme travail de caractérologie derrière certains grands penseurs de la foi. Il s’agit d’avoir une grille de lecture d’autrui, et pas forcément pour le condamner immédiatement. En réalité, le plus grand travail à faire, il est de soi à soi.

J’ai aussi découvert que c’est une façon de parler de la vie qui ne psychologisent pas le rapport à l’autre, il le décrit bien moins subjectivement, et sans lien avec la narration du passé : cet homme a fait ça par avarice, ou bien par orgueil. (Et peu importe qui était son père, sa mère, etc.) Il s’agit d’un théâtre de forces immanentes à l’individu, qui se révèlent immédiatement. Il ne faut pas attendre l’analyse pour réagir, le vice est nécessairement vicié, la vertu est nécessairement vertueuse.

Il reste à déterminer s’il existe de mauvaises vertus, et de bons vices… Le mensonge peut-il être vertueux ? La violence ? La simplicité peut-elle causer du tort ? L’humilité ? Les écrits de St Thomas d’Aquin traitent de ces problèmes et proposent des guides de vie face à chaque situation.

En en parlant autour de moi, je me suis rendu compte que pour chacun, il y a des vices affreux, à éviter, et des vertus importantes, à conserver. Et que ces listes sont parfois incompatibles entre deux personnes. Chacun tient à sa propre hiérarchie des vices et des vertus.

Enfin, une vision plus large des vices et des vertus aujourd’hui montre que le capitalisme pousse à tous les vices, sans cesse : trompez votre conjoint, mangez gras, devenez riche, prenez des vacances, enviez ceux qui (s)ont plus que vous, mettez-vous en colère contre vos compétiteurs, montrez-vous fiers en toute circonstance.

Est-ce qu’être vertueux, c’est être anti-capitaliste ? Est-ce que la pensée moderne est compatible avec l’idée du Bon Comportement (la vertu) et du Mauvais Comportement (le vice) ?

 

Le bavarois

Il me manque. Je revois son torse nu, et je sens sa chaleur. Je sens encore ô combien son moindre sourire me laissera toujours échoué à ses lèvres, ô combien je voulais lui faire du bien, pour voir et revoir ce sourire-là.

Je l’ai rencontré dans la cuisine d’un ami en juin 2012. L’incongruité des espaces parisiens, leur petitesse, leur étroitesse… Combien d’amours et d’amitiés ont profité de ces conditions de promiscuité ?

Un jour, je lui ai dit de partir de ma vie, et pourtant je le souhaite là, tout près de moi, qu’il me réchauffe, qu’il sourie. Il ne me reste de lui que de mauvaises traductions, un accent bavarois et une ou deux photos qui m’inspirent une mélancolie sans pareil.

Et tous les oiseaux de proie qui survolent cette histoire et lâchent une fiente sur mes souvenirs.

C’est le défaut avec «l’homme sublime qui n’a rien à offrir», «l’escroc des émotions» aucune narration ne pourra refléter son souvenir sans le sombre. «Bien sûr que tu as froid. À l’intérieur. Tu as toujours froid.»

juin 2012 – juillet 2015 : une idylle congelée entre moi et Philipp.