Technique vocale : s’y remettre

La technique vocale est l’ensemble des techniques d’émission du son que l’on peut utiliser pour obtenir une esthétique donnée. Les tenants de Miller-isme1Le Millerisme consiste à invoquer l’anatomie à tout bout de champ pour justifier tout et n’importe quoi. Savoir localiser les cartilages aryténoïdes n’a jamais aidé personne à chanter à mon avis (sauf pathologies ?) mais la tendance en France est de considérer qu’un bon prof de chant devrait être un bon anatomiste. Les gens dans cette mouvance invoque souvent l’anatomie pour clore des débats qui n’ont pas lieu d’être clos. en France diront qu’il n’y a qu’une et une seule technique vocale adaptable à chaque style, mais c’est tout à fait étonnant : il y a des techniques d’émission propres à chaque style. J’en veux pour preuve que la boucle audio-phonatoire est un équilibre complexe, qui fait en soi partie de la technique vocale.

L’idée même de la technique vocale lyrique2le répertoire lyrique est celui que chantent les chanteurs d’opéra : l’opéra notamment, mais aussi une abondance de partitions écrits pour chanteurs d’opéra. est de donner à entendre les qualités du grave dans l’aigu, et les qualités de l’aigu dans le grave. Si possible avec grande homogénéité et la plus large plage de nuances, sur de très longues durées.

Comme pour toute matière fascinante, la technique vocale lyrique est aux confluents de nombreux domaines, qu’on peut regrouper en trois grandes groupes :

  • l’art de la déclamation : la poésie, l’art oratoire, la syntaxe, la phonétique, le rythme de la langue, l’analyse littéraire, le théâtre…
  • l’art de la musique : l’harmonie, le contrepoint, le rythme de la musique3Il est souvent exactement celui de la langue, mais il y a des contre-exemples. La tâche est souvent rendue ardue, parce que le compositeur considère que le rythme de la langue va de soi, et note un rythme musical où il faut apporter une grande connaissance du rythme de la langue pour ne pas avoir l’air ridicule et/ou pour respecter la volonté de l’auteur, l’articulation, les nuances, l’écoute globale…
  • l’art du chant : le souffle, la production laryngée, la gestion des résonateurs (langue, palais…), la réalisation efficace des consonnes, mais surtout : la coordination de ces quatre facteurs sans tensions inutiles qui nuiraient au son et à la sanité de la voix.

Il est clair qu’un niveau minimum est requis pour devenir un professionnel du chant lyrique en 2021 à Paris, mais cela varie énormément. Si vous êtes ténor par exemple, il est fort probable que vous pourrez trouver du travail «juste» en chantant, même mal et sans aucune intelligence de la musique et de la déclamation. Si vous êtes soprane, on vous attend au tournant sur chacun des points énoncés plus haut (surtout sur l’art du chant).

Je suis convaincu qu’on met en avant seulement l’art du chant, et de plus en plus : dans sa caricature extrême, il suffit de regarder qui chante le plus aigu, le plus longtemps et le plus fort, et vous aurez le tiercé gagnant de tous les concours de chant lyrique. Il y a une forme de mensonge dans l’art du chant pur : cela a l’air d’être vivant, mais c’est, poussé dans ses retranchements les plus bêtes, une machinerie, qui répond bien aux diktats du chiffre mais ne convainc personne. Comment mesurer le chant ? Avec des décibels, des secondes, des diapasons… Mais comment mesurer la déclamation ? Comment mesurer la musique ?

Comment enseigner à donner la vie sous la machine ?

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